Maman, ma poétesse

Ici, j’ai choisi de partager avec vous les mots de celle qui m’a donné la vie et le goût d’écrire. Celle qui, au fil des années, a griffonné en secret. Celle qui m’a, à maintes reprises, contrainte, enfant, aux pleins et aux déliés contre mon gré, pour l’esthétisme de mes cahiers. Celle qui pense que les mots ont un pouvoir inestimé.
Maman.
Femme si forte et si fragile à la fois.
Cette femme qui, pour notre famille, a soulevé des montagnes, a enfoui ses propres démons, a sorti les griffes quand il le fallait, a couvert notre enfance de tendresse et de baisers. Nous a appris à croire en nous, aussi.
Tes poèmes sont ici, Maman, car sans toi rien n’aurait été possible.

Avec mes Poètes

J’aurais dû naître avec Rimbaud
Pour trouver le monde beau,
Pour étaler mes sentiments
Sur une page de serments.

J’aurais dû naître avec Ronsard
Pour ne pas trouver bizarre
Que tous les hommes aient ce regard
Dans ce monde infâme et blafard.

J’aurais dû naître avec Verlaine
Pour savoir exprimer ma peine
Comme il le faisait autrefois.

Mais je n’ai pas eu cette joie,
Et si je divague ce soir,
C’est pour cacher mon désespoir
Et ne pas recouvrir de larmes
Cette page que j’ai noircie.
Et tu peux bien en rire aux larmes
La vérité est toute ici.
1995/1996


Elle avance

Elle arrive du fond des âges.
Fille, elle se défend
Femme, elle se débat.
Elle avance avec son courage.
En portant son enfant,
Elle porte à bout de bras l’humanité.
Elle arrive avec son courage
Malgré la peur, l’adversité
Trop longtemps soumise,
Trop souvent battue,
Elle cherche et elle vise
Avant qu’on la tue.
Cette femme, mère, militaire, infirmière, guerrière, pionnière,
Elle avance toujours,
Quel que soit le danger.
Elle avance pour, un jour,
Voir le monde changer.

Décembre 2019


La lèvre violette

La lèvre violette
L’ongle noir
Le crâne rasé
Un foulard
Un futal de cuir
Regard noir
C’est une « punkie » de boul’vard
De sa voix cassée
Elle éjecte un rock endiablé
En cassette
Cette grande bringue brune
Bringuebalant
Des bras, elle assume
Ses vingt ans
C’est une « punkie » de hasard.
La nuit elle arpente
Les trottoirs
C’est avec sa bande
Que le soir
Elle préfère gueuler sa vie
Qu’elle sait déjà pourrie
C’est une « punkie » de nul’part
Quand elle en a marre
Elle s’enfuit
Alors elle démarre
Avec lui
La bande de motard
Dans la nuit.
C’est une « punkie » en sursis.

1994/1995


La Sultane

Ma prochaine vie sera celle
D’une sultane de harem,
Commanderesse et hautaine.
Je serai rêveuse et lascive,
Indolente et oisive,
Passionnée, sentimentale.
Et dans un monde oriental
Je serai plus à ma place
Et j’atteindrai cette classe
Des reines indifférentes
Au monde, qui ne les tourmente
Pas plus qu’un vol de colombes
Avant que la nuit ne tombe.
Autour de moi, des servantes
Papillonnant sous des tentes,
Serviront mes moindres désirs,
Satisferont tous mes plaisirs.
Le luxe et la délicatesse
Seront mon lot quotidien,
Et bien avant que ça ne cesse,
Il sera déjà demain.

Mars 1997


Chaleurs d’été

La ville, silencieuse,
Ecrasée de soleil,
Paraissait endormie.
La brise, malicieuse,
Jouait à mes oreilles
Un air de symphonie.
Je regardais la mer
Et j’observais les vagues,
Mes souvenirs amers
Me rendaient l’âme vague.
Et le temps indolent
Attendait le soleil
Avions et goélands
Se partageaient le ciel.

Juillet 2019


Coucher de Soleil

Un artiste peintre gigantesque et talentueux qui prendrait le ciel pour chevalet et le soleil pour gouache ; qui donnerait à ces nuages roses d’un soleil couchant d’été indien la splendeur et la perfection que seule la Nature peut imaginer….
Un tableau mobile en permanence fait de matière vivante….

Un coucher de Soleil …


Cruel octobre

Dans les yeux de chacun se lit la peur
L’horreur succède à l’horreur.
Le pays sidéré n’a plus de mot
Pour nommer ces maux.
Une impression de fin du monde
Causée par des hommes immondes.
Alors se révèle l’instinct
de l’homme-animal humain.
L’angoisse et la haine
Se mêlent à la peine.
Mais dans ce torrent de boue,
Il faut savoir rester debout
Afin de vaincre la noirceur
Et de retrouver le bonheur.

Octobre 2020


Deux Regards

L’océan de tendresse
Que murmurent vos yeux,
L’amour, la gentillesse
Le bonheur d’être deux,
La fragile harmonie
De deux cœurs qui se lient
Vous font naître à la vie
Au monde, à l’infini.

Des ondes envoûtantes
Vous parcourent, vous enchantent,
Et le monde est ailleurs
Et le monde est meilleur.
La musique intérieure
Envahit vos deux cœurs
Et de la solitude,
Soudain, la plénitude.

Septembre 2000


Et je regarde

Et je regarde l’homme
Regarder la femme.
L’œil du connaisseur.

Scrutateur,
Il jauge, calcule ou condamne
Le sein, la jambe ou la taille.

D’un seul coup d’œil il taille
Une silhouette.

Puis il prête
Un regard distrait
A ses traits.


Il est un jour

Il est un jour où tout cesse.
Alors vous vous en voulez.
Le gamin qui en vous se blesse
Devient l’homme que vous voulez.
Et les mots deviennent martyrs,
Et l’isolement vous assaille.

Alors on pense à partir,
Mais on n’est souvent pas de taille.
Le regret fait place au remord,
Et vous attendez chaque jour
Espérant ce nouvel amour,
Et ne trouvant que la mort.
Il est un jour où se brise
L’espoir sur ce roc incongru
Qu’est l’amour de la vie. Méprise
Insolente et nue,
Solitude et détresse mortelle,
Plénitude, ivresse irréelle ;
Ce soir je suis envahie
Par une intérieure nuit.


Insomnie

J’erre dans la maison,
Sans but et sans raison.
Tout est nuit, tout est silence
Et minuit qui avance
Vers l’aurore assombrie
S’étale sans un bruit.
Les questions qui se posent
Viennent à mon esprit
Et dans un ciel tout gris,
Les réponses s’imposent.
L’horloge sur le mur
Répond au temps qui passe
Et dans un doux murmure,
Les secondes s’effacent.
Le temps qui m’est compté
A vous tous l’est aussi.
Puisqu’il en est ainsi,
Laissez-moi vous conter :
Silence et bruits autour de moi s’agitent
Je pense, et puis soudain j’hésite
Puis je reprends le cours de mes pensées
Et la nuit bleue arrive doucement
Et peu à peu se livre l’élément.
D’abord le ciel, puis enfin les étoiles
Et cet enchantement devient comme une toile.
Prisonnière de la nuit,
J’attends que soit demain,
Ce nouveau jour qui suit
Sur la terre des humains.


Je rêve de rivages

Je rêve de rivages
Secrets et silencieux.

J’imagine ces plaes
Où les plaisirs des yeux
Ressemblent aux images
Que regardent les dieux.

Un infini silence
Et des matins de rêve
Où le soleil danse
Et s’échoue sur la grève.

Plénitude totale,
Totale certitude.
Le temps s’est arrêté.
Je vis l’éternité.

Je rêve de ces plages
Où la parole est vaine,
Où le temps n’a plus d’âge.

La mer contemporaine
De la nature intacte.

Juillet 2021


La plénitude de la vie

La plénitude de la vie
Se joue du temps et de l’espace,
Et dans le regard infini
Des siècles et du temps qui passe,
Les hommes sont vie,
Lutte et chasse,
Et plus petits que des fourmis
Perdus au fin fonds de l’espace,
Ils cherchent pourquoi et pour qui
Cette obsédante idée tenace
Les maintient encore en vie


Langueur tropicale

Afin que tout soit éphémère
Les jours, le ciel, le vent, la mer,
Nous prendrons un bateau un jour
Et nous partirons mon amour.

Afin que tout soit comme un rêve,
Les îles, les oiseaux et la grève,
Nous accosterons au détour
D’un port – paradis sans retour.

Et nous finirons notre errance
Dans ces beaux pays de vacances
Où tout est silence,
Où tout est
Luxe, calme et volupté.

Juin 1999


Le nid

De la solitude
Je prends l’habitude.
Plus d’éclat de voix,
Plus de rire, de joie.
Les murs se rappellent
Des cris, des appels…
Le téléphone sonne
Dans ce grand silence,
Et ce bruit résonne
Dans ma longue errance.
Et dans cet espace
Devenu trop vaste,
Je perds
Mes repères.
Quelquefois j’entends
Un « coucou c’est moi ».
Et je vous attends
Mais ce n’est que moi.
Alors, je divague
Emue par les vagues
De mes souvenirs
Trop longs à mourir…

Septembre 2000


Lettre à Philippe

Je vous écris, Messieurs, du fond de ma province.
Où je suis, depuis peu, exilée près du prince
(de Monaco)

Hélas, je ne peux plus capter votre émission
Et vous me manquez tous et surtout Kersauzon.
Cet Olivier candide et pourtant si charmeur
Qui mêle le rire aux larmes et les gifles aux fleurs.

Alors, nostalgique, interminablement
Je repasse les disques des enregistrements.
Redonnez le sourire à une fraîche niçoise
Qui, vous l’avez compris, est tout-à-fait narquoise.
Que faire pour vous trouver en ce monde FM ?
Comment faire pour sourire en ce monde infâme ?

1989


Nostalgie

Redis-moi un peu les choses
Qui me rappellent mon enfance.
Reste avec moi,
Raconte-moi,
N’oublie pas les jours ensoleillés
Et les nuits étouffantes.
Souviens-toi des soirées longues et chaudes,
Redis-les simplement
Comme si c’était pour toi,
Mais pense tout haut,
Que je revois en rêve
Ces moments inoubliables.
Redis-moi un peu les choses
Qui ont fait notre enfance,
Ne cherche pas les souvenirs lointains
Mais ceux qui reviennent plus vite,
Car ils sont plus chers.
Revivons encore une fois
Ces jours, et fasse qu’on sente
La Beauté.

1972


L’Histoire de ce peuple

L’histoire de ce peuple
Perdu dans l’infini
De la nuit didérale
Humains, regardez-donc
L’infinitésimal
Destin de votre vie.

Retrouvez le courage
De vous aimer vous-mêmes,
Apprenez le partage,
Partagez-le quand même.

Juillet 1997


Peu Importe

Peu importe l’endroit où le regard se pose
On ne voit que l’azur d’un ciel chaudement bleu.
Soudain, à l’horizon, un fin nuage rose
Comme une ouate en soie attire enfin les yeux.
La grandeur du spectacle est telle qu’alors on n’ose
Faire vibrer un autre sens que les yeux
Et l’on éprouve une impression grandiose
Que cela ne peut être que l’œuvre de Dieu….

Août 2000

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